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Âme
de
Danse
AAAAH ! AAAAH !
Guerre, terre, sang,
Châtiment.
Oh ! Mon Dieu, que m'arrive-t’il ?
Est-ce que je rêve, ou bien est ce que je vis ?
Mon nez est fracassé, mon visage est chaud et gluant
Comme s'il était ensanglanté,
Je ne peux plus bouger, je ne peux plus marcher,
Et ma tête gémissante se fait agonisante.
Oh !! Mon Dieu, mon Dieu,
Rappelle ces nymphes et ces anges
Qui viennent inconsciemment
Bercer l'horreur de mes tourments.
Oh ! Mon Dieu, et cet enfant là-bas,
Qui est-il et que fait-il ?
Est-ce mon physique qui le fait rire ?
Ma misère le fait rire.
Oh, mon Dieu, son rire me crispe,
Oh, mon Dieu, regarde,
Il ne cesse de rire, il rit, il rit, il rit,
Et son rire me crispe
Oh ! Mon Dieu, je t'en supplie, empêche-le de rire,
Oh ! Mon Dieu, je t'en supplie, fais-lui stopper son rire
Oh ! Mon Dieu, quand cessera-t-il de rire,
Arrête ! Arrête donc ce rire
Qui fait de mon corps sa si frêle victime,
Arrête, ma tête toute tremblante est lasse de t’entendre,
Arrête, ma tête qui supporte tant de vermine fourmillante
Est bien trop lasse de t’entendre,
Arrête, arrête, je t'en supplie, arrête …
« Monsieur, monsieur ! Calmez, vous monsieur,
Il n'y a pas d'anges, de nymphes ni même de nébuleuse ici,
Il n'y a pas d'enfant non plus, et personne ne rit.
Ecoutez monsieur, vous avez eu un accident,
Vous comprenez un accident ! Cela fait déjà trois mois
Que vous êtes dans cet état. Mais il faut vous reprendre, monsieur,
Car la guerre est finie, vous comprenez, monsieur,
La guerre est finie, la guerre est finie ! »
La guerre ? La guerre, mais quelle guerre ?
Ma tête me fait si mal, je ne sais plus où je suis,
Je ne sais plus qui je suis et ma tête me fait mal, si mal.
Oh, maudit sois donc l’oubli qui soudainement m’envahit
Et qui hante mon esprit, tout comme un spectre
Gémissant dans mes nuits …
« Calmez-vous et écoutez-moi, monsieur, je vous en prie,
Calmez-vous et écoutez-moi. Vous avez eu un terrible choc, monsieur,
Le docteur dit même que vous pourriez avoir des troubles,
Des troubles de mémoire ; mais il ne peut pour le moment
En avoir une absolue certitude. En ce qui concerne votre accident,
Cela s'est passe le soir d'un grand orage.
Alors, que vous preniez votre tour de garde.
Alors que le temps bien trop criard, se révoltait dans la colère
De ces nuages qui poursuivait, dans un vacarme infernal,
Leurs infinis pèlerinages.
C'est dans cette atmosphère de glace que l'obus envahit votre camp,
Détruisant subitement tous ses êtres vivants, et vous laissant
Comme par miracle, l'unique et le seul survivant.
C'est là qu'on vous a trouvé, gisant, sous des tas de cadavres
Décomposés. Vous étiez d'ailleurs, vous-même, presque mort,
Votre apparence était celle d'un vieillard dont le crâne, déjà,
Bien dégarnit, cédait encore au vent hurlant des cheveux gris,
Et dont la barbe trop sauvage masquait sans grâce, de longues rides
Ou bien plutôt, de longues et profondes crevasses.
C'est dans cet état, monsieur, ou vos seules paroles
Furent des délires permanents que nous vous avons recueilli
Et soigné cherchant désespérément à vous sauver.
Vous savez, monsieur, la vie n'a pas de valeur, c'est un rubis
Trop précieux. C'est pourquoi, notre impérieux devoir
Est d'en préserver l'éclat qui brille dans nos yeux,
Même si la guerre, puissante sorcière vient, d'un coup de sa
Baguette, flétrir tous ces éclats naguère majestueux.»
Cette femme, qui est-elle ? Et que me veut-elle ?
Elle semble me connaître, mais je la hais tout entière
Car chacune de ses paroles n'évoquent que la guerre.
La guerre, c'est encore un des rares souvenirs qui me reste
La guerre, ce mot résonne et hurle dans ma tête.
Qui suis-je ? Oublié, sans famille, sans patrie.
Dans ce pays austère ou ne règne que la guerre.
Qui suis-je ? Un Makro, un voleur, un dément
Ou bien, rien qu'un insecte qui sort du néant…
A travers tous ces masques, se cache mon visage
Mais il y a tant de masques que je n'ai plus d’image.
Aux travers de ces cieux, noirs et maussades,
Qui hurlent dans le tonnerre de leur stupide ombrage,
Je m’enchéris de haine, cette soif vitale,
Tout comme un bulldozer errant et pris de rage
Qui sème le désordre pour la gloire du mal.
Ma pensée est un puits vide de ses richesses
Mon cœur est une émeraude perdue dans le désert
Ma vie n'est plus qu'un bond vers une proche vieillesse
Mon rêve n'est qu'un cauchemar qui me poursuit sans cesse.
Et au fin fond de mon être, je broie et je refoule ma sombre tristesse
Et au fin fond de mes lumières, ma bouche est une braise
Où je me brûle sans cesse.
Et au fin fond de mes sommeils, irrité, inconscient,
Mon corps incline la tête,
Et au fin fond de mes rêves, tremble et frissonne
La glace dans mes veines,
Et au fin fond de mon âme, c'est toi que je recherche
Ma divine irréelle.
Alors que tout chancelle au fond de ma cervelle
Comme un train qui déraille et qui brûle en pures pertes,
Alors que pour vous tous, la guerre enfin s’achève,
Moi, je cherche toujours ma raison d’être,
Car je sais que demain, il me faudra vivre
Et dans votre avenir, SURVIVRE.
Et pourtant,
Tout comme un prince séduisant,
Tout comme un noble courtisan,
Je vais et je flâne en rêvant
Une herbe folle entre les dents.
Oui, tout comme un homme de talent
Moi, je poursuis ma route gaiement
Car je recherche le chemin
Que me camoufle le destin,
Car je recherche ce chemin
Qui me rendra tout divin,
Et je chante tant de refrains
A la recherche de mon chemin.
(Chanson)
La vie qui s'affole et je sombre dans le néant,
Moi l'éternel errant.
Une sirène morte et je revois en pleurant,
Tous ces bombardements.
Un fleuve qui somnole et j'oublie en m'y baignant,
La guerre et le sang.
Une larme frivole et je retrouve un instant,
Mon cœur tout tremblant.
Une branche qui bourgeonne et je retrouve larmoyant,
L'amour du printemps.
Une fleur vient d'éclore et je retrouve triomphant,
Un soleil enivrant.
La lune qui s'éveille et je ressens soupirant,
Tout son enchantement.
Une perle de cristal et je retrouve ruisselant,
Au loin, le firmament.
Un bel oiseau blanc et je me vois survolant,
L'immense océan.
Une cloche qui résonne et je retrouve tristement,
La fuite du temps.
Un ciel qui rayonne et je revois flamboyants,
Ses yeux si charmants.
Une pluie d'automne et je revois frissonnant,
Notre amour naissant.
Un rêve d'enfant et je te vois comme avant,
Ma reine d'antant.
Oui, tout comme le dernier des Titans,
Moi, je survis languissant
Devant ces plaisirs éphémères
Que je ressens comme mille flammes,
Qui de mon cœur s’échappent,
Qui de mon cœur brise le marbre,
Qui de mon cœur brisent l'obstacle
En vagissant comme des volcans,
Lorsqu'elles brûlent dans ma mémoire,
Les germes de l’ouragan.
Didier
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